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Date de disponibilité: 15/10/2020
À la fin du siècle dernier, vers 1975, il y avait une formule qui venait de plus loin encore et dont on n’aurait jamais cru qu’elle deviendrait si « ancienne » dans le commentaire général sur la littérature : c’était l’« espace littéraire », selon les termes mêmes employés par Maurice Blanchot dans une mémorable étude, et qu’on aurait bien tort de chercher à prendre en flagrant délit de jargon.
Le diagnostic d’une France fracturée, d’une classe moyenne exsangue, déclassée, existe depuis quelques années maintenant (Guilluy, Fourquet, Le Bras, Todd, Chauvel), chaque an venant le confirmer, se sédimenter à l’autre, et rajoutant comme une nouvelle couche de défiance et de rejet, sans pour autant voir la plaque sombre se détacher, et la vague grossir et tout emporter.
Entre le roman et l’essai, si je devais choisir, je choisirais l’essai. Mais ce serait pour donner aussitôt de l’essai une définition dont on jugerait sans doute qu’elle s’applique plutôt au roman. De sorte que les deux phrases qui précédent, les renversant, on pourrait très bien en intervertir les termes sans enlever – ni ajouter – quoi que ce soit à ce qu’elles signifient.
Il y eut au départ les archives. Des boîtes habituelles qui sentent un peu le moisi, s’accumulant sur une grande table à Munich, des journées passées à en déchiffrer le contenu, à en consigner les apports. Il y eut aussi la bibliographie, soigneusement organisée. Les notes prises, les pages indiquées, à traquer les indices. Les sources primaires, les sources secondaires, les critiques internes, les critiques externes. Faire le tri dans « l’immense et confuse réalité » dont parle Marc Bloch.
Celui qui invoquait la « jeunesse de mon pays », que peut-il encore lui apporter ? Peu d’écrivains ont eu autant le sens de la jeunesse, non pour écrire de petites histoires d’amour ou d’adolescence, mais pour lui donner conscience des problèmes qui la font souffrir. Le jeune Malraux s’adresse à la jeunesse, sans valeurs après la décadence des religions. D’autre part, il est le seul à parler ainsi de l’art.
Lorsque la voix puissante de l’engagement politique se fait entendre, la langue prend la dureté du métal pour mieux frapper et trancher. Armée de sa légitimité, elle unit les parleurs et les crieurs, elle recueille les idées et les passions, elle les diffuse sur les pages et dans les rues. Le spectacle de ces euphories langagières suscite doublement la sympathie.
Nina Leger – Au moment que nous avions fixé pour notre entretien, le confinement a été décrété. La situation m’a rendue attentive à l’importance qu’avaient les maisons dans vos textes : la grande maison des Gouvernantes, la maison-île d’Au secours, la maison familiale de Petite table, sois mise !, celle d’Eva Lone… Quel personnage romanesque la maison est-elle pour vous ?
Anne Serre – La maison, c’est évidemment la famille, et la famille enfermée sur elle-même.
Le nom de Quarto est à lui seul une rêverie pour le lecteur toxicomane de bibliothèque. Tantôt il penche du côté médiéval, façon Poudlard, tantôt il fait penser à Dumézil noyé dans son bureau, disant : « Les limites du désordre sont atteintes. »
Quarto, cette entreprise encyclopédique du troisième type, va fêter ses vingt cinq ans, ce qui est une façon de tromper l’infini.
Ange des Mesnuls ou le cercle vicieux est une nouvelle inédite de Paul Morand que j’ai découverte, par hasard, au cours de recherches au fonds Paul Morand de l’Académie française en juin 2019. Elle comporte treize feuillets dactylographiés corrigés de la main de l’auteur. Dès l’ouverture, on reconnaît le style de l’homme pressé avec sa propension à l’image.
Les fondations de l’Union européenne – patiemment, péniblement établie – n’ont jamais semblé si friables. Il y a pourtant dans notre époque quelque chose d’insouciant, d’inconscient, qui tient tout à fait de l’attitude de l’autruche. Stefan Zweig relate ainsi le glorieux été 1914. La rumeur de cataclysme tenait d’une légende agitée pour faire peur aux enfants pas sages. D’une mauvaise plaisanterie pour adultes embarbarisés.
Il y a huit ans, le quotidien allemand die Zeit posait quelques questions à Michel Butor présenté en cette occasion comme le dernier représentant du Nouveau Roman et de la littérature française d’après-guerre ; il affirmait alors que la littérature allemande est pour les Français trop allemande et qu’ils la connaissent mal, avant d’ajouter un peu plus loin qu’il n’existe plus de littérature européenne.
Ma mère se tient face aux vestiges du mur de Berlin, sur la Potsdamer Platz, elle serre la main de mon fils de six ans et pleure, pleure, pleure comme je ne l’ai jamais vue pleurer, autour de nous il y a des touristes, nous sommes, nous aussi, des touristes, mais ma mère est la seule qui pleure, pleure toutes les larmes de son corps.
La première œuvre d’Ingeborg Bachmann publiée en français, en 1964, La trentième année, est un recueil de nouvelles mettant en scène, dans le récit éponyme, un homme sans nom qui erre de ville en ville, de pays en pays, traversant l’Europe sans jamais réussir à se fixer. Mais où qu’il aille, il se heurte aux étiquettes dont on l’affuble.
À une certaine époque de ma vie je fus en mesure de rendre service à Emmanuel Schaeffer, le poète. Il s’agissait, le soir, de le reconduire chez lui. J’habitais une sous-préfecture du Grand Est : ces villes dont l’administration se retire en retenant son souffle, évacuant devant un ennemi qu’elle seule voit et dont le moindre craquement de branche exciterait la poussée formidable. Schaeffer y donnait des leçons d’anglais. Je le prenais devant le Progrès à 18h25, le mardi et le vendredi. Nous parlions beaucoup de l’ennui.
La notion de « scène littéraire » américaine a longtemps prévalu comme un miroir que l’Europe se tendait à elle-même dans le désir de se comprendre autrement, de mieux faire connaissance avec elle-même. C’est un genre d’exercice qui a ses lettrés depuis longtemps, dans les deux sens, d’ailleurs.
Solenn de Royer – Dans ses Mémoires, Jean Monnet (1888-1979) écrit que « l’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises » (Mémoires, Fayard, 1976). Ces dernières années, l’Europe a vu s’enchaîner les crises (financière, migratoire, démocratique, sanitaire…) sans toujours bien les gérer, ni apporter de solutions adéquates, suscitant la déception des peuples. Que reste-t-il du projet des fondateurs ?
David Djaïz – Il reste un immense succès qu’on ne pourra jamais lui enlever, et que nous ne voyons même plus car les succès sont comme l’air que l’on respire : depuis près de 80 ans les nations européennes vivent en paix les unes avec les autres.
La discussion qui suit avec Philippe Labro n’avait pas d’autre ambition que de pointer quelques faits marquants de l’actualité 2020. Cette actualité a été exceptionnelle et ce pointage ne peut bien sûr être qu’un révélateur parmi d’autres. Ajoutons-y simplement le plaisir d’une conversation où la littérature et le journalisme se tiennent fermement la main, en plein mois de juillet, comme ils devraient faire toujours.
Les récits de Gaël Octavia sont tissés avec la précision, la sobriété et l’élégance d’une démonstration. Nulle froideur mathématique, rassurons-nous, mais plutôt le savoir-faire éprouvé de celle qui sait créer des intrigues, du suspense et une atmosphère palpable à partir de rien.
Ils ne sont plus Just Kids. Le nouvel opus de Patti Smith, L’année du singe,court d’un réveillon à l’autre, journal onirique de 2017, année pas comme les autres où l’écrivaine devenue rock star, à moins que ce ne soit l’inverse, fête ses 70 ans. De Santa Cruz à San Diego et retour.
En 1980, Élise, 20 ans, rencontre dans un parc la romancière Constance Holden, Connie pour les intimes : toute sa vie va en être bouleversée. En 2017, Rose, 35 ans, part à la recherche de la mère qu’elle n'a jamais connue, Élise, ce qui va l’amener, elle aussi, à faire la connaissance de Connie. Jessie Burton tresse ces deux récits, deux époques, deux trajets bien différents mais qui se révèlent étonnamment parallèles.
La colère est mauvaise conseillère, dit-on. Manifestement pas dans le cas d’Ian McEwan. Ulcéré par la victoire du Brexit dans les urnes, l’auteur du récent Une machine comme moi a troussé, dans la rage et la précipitation, une fable politique comme seuls les Britanniques savent en faire.
La psychiatrie est la grande malade de l’hôpital public. Rien de nouveau dans ce constat, partagé par toutes les instances en jeu depuis des années. Pourquoi Emmanuel Venet, psychiatre et écrivain, prend-il alors la peine d’écrire ce texte, dense d’une petite centaine de pages, pour dénoncer une situation connue de tous ? Parce qu’il y a danger non seulement dans l’incurie des soins, mais dans les remèdes choc..
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