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Au sommaire de la NRF, la question posée des années trente, objet chéri des médias : analogie trompeuse ou miroir cruel ? Trois écrivains répondent, Gwenaëlle Aubry, Philippe Le Guillou, Jacques Drillon, et l’historien Gilles Kepel. Au centre également du numéro : un entretien avec Alexandre Postel, figure de la nouvelle littérature française, rejoint ici par un bataillon de nouvelles plumes, Boris Bergmann, Francesco Rapazini, Isabelle Mayault pour les plus jeunes. Mais aussi Marie Nimier, Michel Jullien, Cyril Roger-Lacan…
À ne pas manquer encore, Albert Camus, journaliste de la Libération de Paris, est raconté ici par l’historien Christian Chevandier tandis que Christophe Langlois recompose la figure oubliée du poète hindou Rabindranah Tagore, qui fascinait Gide. Sans quitter le rivage des thirties, Marc Porée nous emmène à la rencontre deux poètes anglais majeurs, trop méconnus : Louis Mac Neice, Wystan Auden. De l’art de comprendre son temps…
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Date de disponibilité: 01/03/2019
Du temps où Michel Houellebecq démarrait sa carrière d’écrivain prophète, il mettait beaucoup de soin à fumer des cigarettes, dont chaque volute valait un aphorisme de Schopenhauer. Vingt ans plus tard, on a pu constater que l’univers houellebecquien n’avait pas changé.
Enfant, je détestais le jeu des ressemblances, l’établissement de comparaisons que, déjà je jugeais hasardeuses. Les vieilles personnes du Faou, mon village natal, n’aimaient rien tant que détecter des similitudes d’ordre physionomique et tout cela m’ourlait les nerfs. Eh bien, je ne crois guère avoir changé et ce même principe – un invariant sans doute de l’âme humaine – m’agace tout autant quand il s’exerce dans la vie intellectuelle.
Dans les années trente, on ne savait pas encore la Shoah possible : enviable ignorance, de courte durée mais toujours bonne à prendre. On pouvait compter sur un progrès qui libérerait les hommes, au lieu qu’il les fait régresser. On pouvait voter à gauche, faire front, populaire et pas encore national, sans avoir la certitude d’être trompé.
La situation qui prévaut au Moyen-Orient, et particulièrement au Levant, en ce début d’année 2019 n’est pas sans évoquer celle qui, un siècle auparavant exactement, avait conduit au remodelage de l’Europe et du monde après la fin de la guerre de 1914-18. La comparaison ici n’a pas valeur d’équivalence, bien évidemment, mais une simple fonction heuristique – à charge pour les historiens du présent de se remémorer le passé pour éclairer l’avenir.
J’appartiens à une génération à laquelle on a voulu faire croire que l’Histoire était finie – et avec elle, accessoirement, la littérature et la philosophie. Très jeunes, nous avons appris que nous arrivions trop tard. Nos grands-parents avaient fait la guerre, nos parents cru en la révolution. Nous, nous arrivions après. Après l’horreur, et après l’espoir.
Alexandre Postel, l’une des voix les plus singulière et prometteuse du roman français contemporain, sait l’art de capter les perturbations qui mettent en crise l’ordinaire état des choses, apparemment inaltérable, mais dont la fragilité profonde se voit soudain révélée. Son premier roman, Un homme effacé, narre la descente aux enfers d’un placide professeur d’université accusé à tort de pédophilie ; le deuxième, L’ascendant, met en scène un jeune homme héritant d’un père à peine connu une maison où il découvre, dans la cave, une jeune fille séquestrée ; Les deux pigeons, enfin, considère, sous toutes les coutures, un jeune couple aux prises avec les spécificités et les difficultés de la vie à deux dans le monde moderne.
Maman est infirmière, une de ses petites patientes vient de mourir. Il est prévu que la famille et les proches se coupent une mèche de cheveux et la placent dans le cercueil – c’est ce que notre mère nous annonce en retenant ses larmes, et moi je lui balance : T’as qu’à couper des poils à Willy !
Willy, c’est notre chien, un setter irlandais qui est de la même couleur que les cheveux de maman.
Seul fut la nuit. Ça ne veut pas dire grand chose, ma sentence. Pourtant j’ai eu beau marcher, encore marcher, m’inventer des règles à suivre, comme par exemple ne prendre que des rues garnies d’immeubles haussmanniens, ou changer de trottoir si je croise une fille trop jolie – rien sous la dent, aucun divertissement, aucune scène capitale.
« Non », dit-elle. Et puis elle ne dit plus rien. Plus rien. Elle était fatiguée et avait décidé que cela ne valait plus la peine de parler. Vraiment. Seulement penser. Quelquefois sourire.
Le matin, elle s’était regardée dans le miroir comme si elle ne se reconnaissait plus.
Le bibi descend dangereusement sur son oreille droite. Comment fait-il pour ne pas tomber ? C’est peut-être la coiffure qui le garde en place ou, plus vraisemblablement, une épingle le bloque ainsi sur sa tête.
Elle espère être embauchée.
Les images dont l’actualité nous abreuve à notre corps défendant, nous sature à un degré qui laisse nos esprits, certains soirs, épuisés et comme interdits, ont-elles encore, en vérité, quelque chose à nous dire ? Dans ce flux indistinct où tout se mêle, qui se présente à nous comme la bande-annonce surexposée d’un monde insomniaque, le destin des images est-il de s’abolir dans l’excès même de leur profusion ? Et sommes-nous voués, chacun, à nous fondre dans un peuple de regards captifs, rivés à un flux d’actualités où le tragique côtoie le trivial, qui les maintient dans une sorte d’hébétude intérieure ?
Mathilde Redoin logeait rue Popincourt, à hauteur de l’impasse des Trois-Sœurs, au 26. Elle était ronde de Jean, de huit mois. Par les rues du Chemin-Vert et Saint-Gilles, le matin, elle se rend à l’atelier. Cela fait vingt minutes, un peu moins et le trajet est plaisant. Elle va lentement, le pas chaloupé jusqu’aux ateliers de la rue des Francs-Bourgeois.
Paris, fin d’après-midi. Dans la rue. Un banc. Nadine Mourad, ancienne gloire du cinéma en Égypte, a fait le déplacement depuis le Caire. Officiellement, pour un rendez-vous chez le cardiologue. Elle est debout, encombrée de deux grands sacs. Elle porte un imperméable et des talons plats.
Nadine Mourad – Excusez-moi, s'il vous plaît ? Oui, vous. S’il plaît à vous ! Pourriez vous m'indiquer où se trouve la rue des Cinq Diamants ? Je suis désolée, mais je connais très mal le quartier et...
Serait-ce qu’en Angleterre, qui passe souvent pour un pays de boutiquiers et de philistins, les écrivains comptent plus qu’ailleurs ? C’est un fait – les Anglais se montrent volontiers factuels : dans leur mémoire collective, tel ou tel événement historique, de préférence majeur, se voit immanquablement associé à des noms de poètes, des titres de poèmes, quand ce ne sont pas des vers appris par cœur et replacés à bon escient.
Parmi les joies qu’offre la fréquentation d’une bibliothèque, la moindre n’est pas celle que procure un manuscrit jusqu’ici inconnu, témoignage d’une écriture fiévreuse courant sur cinquante-six feuillets, chaque page pliée par le milieu pour prendre appui sur le texte anglais, des ratures indiquant la recherche inquiète de l’expression la plus juste. La beauté du poème de Tagore, interprété par Gide, éclate à chaque page.
Le 19 septembre 1914, un mois après le début des hostilités, l’artillerie allemande bombardait la cathédrale de Reims, lieu historique du sacre des rois de France, là même où fut baptisé le premier d’entre eux, Clovis. Le vénérable monument où se déclare un incendie est sérieusement endommagé. L’émotion est considérable.
« Nous n’avons pas la nostalgie des révolutions, encore que nous sachions que nous avons vécu le plus pur dans les journées d’août 44 et qu’il est désormais un désintéressement que nous ne connaîtrons plus. » C’est en avril 1945, dans un éditorial de Combat, qu’Albert Camus évoque avec emphase l’insurrection de Paris. Six mois plus tôt, il décrivait François Mauriac intrigué par « l’âme de ce pays » ...
Les jolis petits volumes, cousus collés, presque carrés, des Éditions de la Bibliothèque arborent sur le rabat de leur couverture une citation de Borges : « Me sera-t-il permis de répéter que la bibliothèque de mon père a été le fait capital de ma vie ? La vérité est que je n’en suis jamais sorti. » Et c’est bien une entreprise borgésienne que poursuit Michéa Jacobi, auteur récurrent de la Bibliothèque, dont Jouir. Vingt-six vies consacrées à cet art est le « cinquième extrait » : « Un ensemble de 676 biographies intitulé Humanitatis Elementi, 26 x 26. »
Clémentine Beauvais avait fait une incursion remarquée en littérature « vieillesse », par opposition à la jeunesse qui constitue d’ordinaire son public, avec Songe à la douceur, une réécriture enlevée, contemporaine et brillante d’Onéguine de Pouchkine, le tout en vers libres. Elle revient cette fois-ci à son public de jeunes adultes (qui va en réalité bien au-delà d’une certaine classe d’âge) avec Brexit Romance – et sous ce titre assumé de comédie romantique se cachent bien des trésors d’humour, de profondeur et de subtilité.
Jacques Vaché toujours vit – en nous
Depuis le début, des mains étrangères fanatisent, transportent, instituent à leur bon vouloir dans des cases – le nom de Jacques Vaché.
André Breton, le premier, proclame : « Jacques Vaché est surréaliste en moi ». D’autres, ensuite, adaptent la formule, font de Vaché le surréalisme avant l’heure, préhistorique, originel.
Dans l’immense jardin féminin de la littérature anglaise, George Eliot occupe une place à la fois singulière et discrète. De quelques années plus jeune que celle que Mona Ozouf appelle dans son brillant essai « l’autre George », Sand, la romancière anglaise née en 1819 (ayant emprunté par hommage son prénom à la française) semble traverser son époque d’un pas personnel, reconnaissable entre mille, donnant à ses commentateurs du fil à retordre, de ces travaux d’aiguille qui ne laisse aucune chance au préjugé.
À la mort de sa cousine, à Mexico, un jeune homme hérite d’une valise. Celui qu’elle surnommait affectueusement Jamón (jambon), et qui erre dans la ville, hagard de chagrin, sait vaguement qu’elle contient les négatifs de clichés pris par Robert Capa, Gerda Taro et Chim lors de la guerre d’Espagne. Ce n’est pas ça qui lui rendra sa bien-aimée cousine Greta, actrice de cinéma à la beauté ombrageuse et intranquille...
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