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Reference:
Le mieux, pour goûter ce numéro d’automne NRF, est de grimper sur l’estrade où Valère Novarina a installé sa troupe de récitants, sous le titre Théorie des peuples. De là on admire les troupeaux que mène Francis Tabouret par les airs, tandis que Julie Marx compose une complainte amoureuse bien dans l’esprit du temps. Frédéric Boyer, l’allure d’un chaman, construit une épopée : il se passe des choses dans la rue, dans les cœurs, comme Benjamin Pitchal et Sandra Lucbert le racontent, chacun à leur manière. Subtle but savage, comme Truman Capote analysé par Simon Liberati.
Il y aussi les peintres et les musiciens. Pierre-Yves Macé, compositeur de musique contemporaine, répond aux questions de Renaud Pasquier, tandis que Victor Claass revisite le maître Manet et la bande des impressionnistes. Vincent Ravalec lui, demande de quoi nous sommes les héritiers. De grands morts bien vivants : Ralph Waldo Emerson dont on donne ici quelques pages d’une conférence célèbre et inédite sur l’éthique littéraire, et Franz Kafka, nouvellement traduit en Pléiade. Et retour au présent littéraire avec les notes de lecture.
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Date de disponibilité: 01/08/2018
Pablo Picasso a dessiné un portrait peu connu de Léon Tolstoï qui figure dans une édition 1956 de Guerre et paix à l’Imprimerie nationale. C’est un Tolstoï impérial, assis droit dans son fauteuil comme un doge de Venise. Un doge en dessine un autre, Picasso étant à la peinture du xxe siècle ce que Tolstoï est à la littérature de son temps : un patron. La remarque vaut naturellement pour le statut littéraire qui était celui de Philip Roth jusqu’à ce qu’il décide de raccrocher.
Des lumières sur des fruits, sur des légumes. Un automne, je me suis dit : tu resteras à l’heure française, où que tu ailles. Et j’ai vu des marchés de nuit. À Colombo, on achetait à la lumière d’une lampe de poche de longues herbes et de grandes feuilles sur des étals de papiers journaux au sol, constellations et reliefs d’ombres, labyrinthes végétaux. Des offrandes sur des alphabets riches comme des enluminures, achetés à des visages endormis et des corps enveloppés.
J’ai peur d’être trop petit.
Il lui écrit qu’être devant elle, découvrir sa dimension, c’est totalement nouveau, unique, que sa dimension le met en état de choc, de même l’odeur de sa peau, totalement nouveau, et ses gestes, ces gestes qu’il découvre, grammaire inédite. Il va bouger différemment pour elle. Il écrit : Je vais toucher différemment je crois.
Les Sanguides Moridubiliaires.
Nous sommes les Trans-Sanguides-Moridubilliaires, Bicévenoles d’obédience northo-tubérique ; le général Robert Grouchy nous a trompés plusieurs fois. Nous sommes zoocloques.
Truman Capote fut de son vivant un écrivain à la mode sans pour autant devenir à sa mort un écrivain démodé. L’échec de son grand projet littéraire, Prières exaucées, sa décadence physique et quelques très bons articles parus à la fin de sa vie dans le journal Interview prolongent la légende et assurent sa survie mieux que ses premiers livres ou même le fameux De sang froid.
J’ai d’abord cru l’impuissance restée aux limites du cauchemar. Arraché au sommeil en hurlant, j’ai pensé : encore, je me suis frotté les yeux – le réel était pire. Cinquante appels en absence, l’écran de mon portable livré aux clignotements ; j’avais désactivé le vibreur, pas été prévenu, mais de quoi ? Je regarde, béant, les numéros défiler. Les pompiers, mes conseillers, les associatifs, le centre de loisirs, des numéros inconnus. Ma commune criée dans un silence considérable, jusqu’à « Diatou Ndiaye », mon adjointe, je décroche.
La jeune libraire me dévisageait, sa pile de réassort entre les mains, d’un air de dire qu’elle travaillait et qu’elle n’avait pas que ça à faire. « Vous êtes journaliste ou quoi ? » L’affaire paraissait mal embarquée.
Perdu pour perdu, j’ai pris un air offusqué (moi, journaliste ?), avant de répéter ma question, la littérature est-elle encore à la mode, c’est pour une revue littéraire…
Mesdames, messieurs, mes amis, nous entendons à peine la tempête dehors et nous voudrions entendre les oiseaux chanter.
Mais les oiseaux ne chantent pas dans la tempête.
C’est pourquoi.
Et nous ne savons pas le langage de la tempête.
C’est pourquoi.
Ni exprimer la hantise de l’action.
C’est pourquoi.
Nous ne sommes plus des héros.
C’est pourquoi.
Le jeune compositeur Pierre-Yves Macé construit depuis une quinzaine d’années une œuvre singulière et passionnante. Les six disques qu’il a publiés se complètent d’un travail théorique, Macé étant également musicologue : dans son livre Musique et Document sonore – Enquête sur la phonographie documentaire dans les pratiques musicales contemporaines (2012, Presses du Réel) il mène une réflexion sur les usages des enregistrements sonores par les musiciens contemporains, une pratique qui nourrit ses compositions. Il travaille fréquemment en collaboration, que ce soit avec des écrivains (Philippe Vasset, Mathieu Larnaudie, Julien D’Abrigeon), des plasticiens, ou des collectifs divers. En 2017, il a composé et donné en concert Chansons migrantes, et plus récemment, il est le co-auteur de Suite 3 avec le dramaturge Joris Lacoste, dans le cadre de l’Encyclopédie de la parole.
À moins de se replonger dans la lecture de vieux numéros de la revue Rock and folk pour y retrouver la trace d’anciennes émotions qui ne disent plus rien à personne, on voit mal comment une « histoire du rock en France » pourrait être possible.
Quatre-vingts ans après la traduction par Alexandre Vialatte du Champion de jeûne de Franz Kafka dans la NRF de novembre 48, la NRF 2018 en propose une nouvelle traduction par Jean-Pierre Lefebvre : Un virtuose de la faim, passant ainsi de la métaphore sportive à la métaphore artistique. Ce bref récit fait partie d’un ensemble de quatre publiés en août 1924, après la mort de Kafka, le 3 juin 1924. L’écrivain y travaillait encore la veille de s’éteindre.
Jean-Pierre Lefebvre souligne dans la notice de la nouvelle Pléiade (à paraître en octobre prochain) combien se croisent ici les grandes hantises kafkaïennes : l’écriture, l’ascèse, la solitude, mais aussi le monde burlesque du cirque, du clown et de l’acrobate. Le récit qu’on redécouvre ici avait fait l’objet d’une première publication en octobre 1922 dans la Neue Rundschau (Nouvelle Revue). Texte rédigé en deux jours vers mai 1921. Kafka travaillait alors à son grand roman Le château. Comme s’il s’était accordé une pause.
Depuis plusieurs années, plutôt que d’écrire de la fiction, Roth en lisait. À petites doses et assez lentement. Il nageait aussi, tous les jours ou presque. Plaisir pris à fendre l’eau des bassins, à enchaîner les longueurs ; revanche d’un corps trop longtemps rivé à la table de travail, d’un dos rompu par les cadences infernales qu’imposent les travaux forcés de l’écriture. Libéré de ses devoirs de romancier, délivré, donc, à l’instar de son double fictif, Nathan Zuckerman, « délivré » puis « enchaîné » (entre 1981 et 1985) avant de reprendre à nouveau ses tribulations, Roth semblait éprouver un réel soulagement...
A priori peu de rapport direct entre les cathédrales et la littérature. Des monuments de pierre, édifiés à la gloire d’un Dieu que certains disent fou (et qui l’est peut-être), et des tombereaux de papiers, arrachés aux arbres, couverts de signes, scandant dans les cerveaux un flux électrique capable de nous projeter sans limite dans l’espace et le temps. Des objets colorés fleurissant sous les néons des Relais H, sur les tables de douillettes librairies et des Fnac. De grands endroits sombres éclairés de vitraux, imprégnés d’encens.
C’est après une représentation au théâtre de la Tempête – les lieux ont parfois le bon goût de s’accorder aux mouvements de l’âme – que Sarah dit à la narratrice, jeune professeure et mère célibataire : « Je crois que je suis amoureuse de toi. » Sarah rencontrée quelques mois avant au réveillon, Sarah qui parle fort, rit beaucoup, est trop maquillée, Sarah violoniste, Sarah vivante.
Depuis Beauté fatale et Chez soi, la parution d’un ouvrage de Mona Chollet suscite beaucoup d’attentes, tant ce qu’elle décrit des injonctions faites aux femmes, au sujet de leur corps – qui fait les choux gras des industries cosmétiques –, ou de la tenue de leur intérieur – la tyrannie du lifestyle réinvestissant celle de la femme au foyer – a de salutaire. Sorcières en est une suite logique et comme une réponse.
Ce n’est pas demain la veille que l’on verra soudain Baudoin de Bodinat « en une » de Match, devisant pour les lecteurs avec un hologramme de José Bové. Mai qui sait, après tout ? Ce Savonarole de province, de lointain cousinage avec les « situs » de la première heure, écrit parfois des ouvrages du genre de celui qui paraît aujourd’hui aux éditions Fario.
Le 18 janvier 2018, entre une bouche de métro et un kiosque, surgit un mort-vivant : Charles Baudelaire. Titubant à la poursuite d’une passante, il rencontre la mort sous diverses formes. « Ce qu’il y a d’unique dans la poésie de Baudelaire, c’est que les images de la femme et de la mort fusionnent en une troisième, celle de Paris », nous avertit, au seuil du livre, Walter Benjamin. Récit littéraire, le livre peut aussi se lire comme un recueil de nouveaux tableaux parisiens.
Kipling est déjà Kipling lorsqu’il entame cette volumineuse correspondance (près de deux cents missives) adressées à ses enfants, John et Elsie ; c’est un écrivain de trente-neuf ans connu pour sa vaste production de nouvelles, de poèmes et, bien évidemment, comme étant l’auteur à succès de contes pour enfants comme Le Livre de la jungle...
On peut être un jeune écrivain français de moins de trente ans, publier son troisième livre fortement autobiographique sans pour autant donner dans la jérémiade vengeresse, dans l’auto-complaisance fate, et sans prétendre, avec morgue, faire œuvre de sociologie (de comptoir) en usant d’une écriture aussi plate qu’une posologie de suppositoires.
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