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Reference:
À l’instant, comme dans un roman de Jules Verne, nous apprenons que les écrivains Christian Garcin et Tanguy Viel entreprennent un tour du monde en bateau exclusivement, du moins sans prendre l’avion ni exclure le pousse-pousse à roulettes. Voilà qui sonne comme un début des fameux Quatre-vingts jours, quoique la date de retour ne soit pas précisée. On ne se doutait pas que de tels projets pussent être encore si concevables, tout ayant été vu, archi visité en tous sens et sous toutes les formes.
Ce n’est plus un musée, fût-il imaginaire, c’est « la mer allée avec le soleil » que Diane Lisarelli retrouve dans la lumière niçoise, cette lumière « matissienne » qui fait lever les oiseaux en même temps que le ressac millénaire toujours recommencé. Voici l’instant immobile qui soumet le langage à l’épreuve de dire le paradoxe suprême : à la fois la fuite et la station, l’instant et l’immémorial. C’est le moment poétique. Il y a des endroits pour sentir cela, plus favorables que d’autres, par exemple l’une de ces criques où Diane Lisarelli a élu sa « réserve », un peu comme la chambre noire du photographe en argentique. Vivre dans le noir pour mieux goûter la lumière. La réserve est faite pour laisser la lumière faire son travail, y assister. Sans doute, appartient-il au sud de contenir de tels lieux où « août s’éternise ». La nuit, les oliviers y « font des taches noires », c’est le sud dont Pasolini disait qu’il est « le même depuis des millénaires ».
Loin du concert baroque claudélien et des folies sévillanes décrites ici par Agnès Mathieu-Daudé, mais pas si loin au fond, on lira enfin dans cette même livraison d’été un choix de poèmes d’Anna Ayanoglou, qui publie régulièrement dans les revues (Persée, Europe, La revue russe…)où la poésie garde sa place, aux côtés des grosses cylindrées romanesques. On se réjouit au contraire avec Anna Ayanoglou de cette attention si aigüe à l’ordinaire du monde quotidien (mais à quoi bon parler encore d’ordinaire puisque tout ici est matière d’étonnement ?) : « Alors que la nuit tombe, tu t’étonnes que tout existe encore ensemble », tout comme dans ce véritable tableau qui n’est pas sans rappeler la peinture d’un certain Hopper : « la profondeur oscillante du fauteuil, le silence de la serveuse, du transistor obèse »…
Tels encore ces joueurs d’échec à la terrasse d’un café où nous imaginons Borges, de retour de la bibliothèque nationale, prendre un léger apéritif. Là est le royaume, il n’y en a pas d’autre. On dit simplement « ordinaire » pour le dissimuler aux touristes, qui ne sont pas au courant, voilà tout.
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Date de disponibilité: 05/07/2018
À l’instant, comme dans un roman de Jules Verne, nous apprenons que les écrivains Christian Garcin et Tanguy Viel entreprennent un tour du monde en bateau exclusivement, du moins sans prendre l’avion ni exclure le pousse-pousse à roulettes.
Il est des lieux qu’on quitte le pas lent. Sous l’effet d’une joie pure, sereine, horizontale, le corps ralentit. Cela n’a rien à voir je crois avec les supposés rythmes que l’on prête aux populations du nord ou du sud et dont on m’a souvent parlé enfant. « Tu sais, les Parisiens marchent tout le temps très rapidement », me répétait ma grand-mère comme un terrible avertissement.
Riche et paisible, la petite ville de Frauenfeld regarde son donjon se refléter dans l’eau de la Murg, entre Zurich et le lac de Constance. Autour d’elle s’étend le canton de Thurgovie, dont les notables, selon Conrad Keller, promeuvent le progrès raisonnable tout en se préservant de l’esprit petit-bourgeois. Attachés au spectacle des manœuvres militaires et des messes chantées, ils ne dédaignent pas les originaux qui « contribuent à la vie de l’esprit ».
J’ai relevé le store de bambou lentement, j’ai entrouvert la fenêtre, à peine à peine, et j’ai regardé. C’était un samedi, je ne voulais pas déranger le paysage, juste regarder. Je regarde encore. Il est six heures du matin, c’est mon premier jour à Kyoto, j’habite près du chemin de la philosophie, chez Tae-san Hashimoto, il n’y a encore personne dans la rue, je bois du café.
Ce n’est pas de votre faute, ça a toujours été comme ça : le barbier, Carmen, Don Juan, rien de moins. Séville, on y tombe amoureux, on y chante, on y danse et on s’y fait raser. En 1895 Pierre Louÿs écrivait à Claude Debussy « ne rien [y] faire de ses dix doigts, sinon des choses inavouables ». Et de préciser : « Tout le répertoire des noms espagnols va y passer, la dernière s’appelle Encarnacion. »
Le saut
C’est l’endroit où la rue qui t’attire
coupe la voie ceinturant les vieux murs
et s’enfonce vers le sud
Quand la nuit tombe, à la croisée
la maison crème se blottit dans sa discrétion
le kiosque aussi, qui à ses pieds
réchauffe le sillon lent d’une grand-mère
La dernière fois qu’elle l’avait vu, dix ans plus tôt, il rentrait chez lui et elle l’accompagnait. Depuis que le car de Belgrade les avait déposés à la gare routière, il n’avait pas dit un mot. Et puis il s’était arrêté, toujours en silence, pour s’accouder à la balustrade d’un pont sur le Danube dont les bombardements de l’OTAN de 1999 ne laisseraient bientôt subsister que les piliers. Antonia se tenait en retrait, l’appareil photo à la main...
Qu’il s’agisse de vos essais critiques ou de votre œuvre biographique, on trouve dans vos livres un double fil narratif dans lequel votre propre récit s’entrelace avec l’analyse d’œuvres classiques. Pourquoi cette alternance ?
Je sais maintenant que je me souviendrai à jamais de cette séance. Un samedi après-midi ensoleillé d’avril, à Nyon, en bord de lac, au festival Visions du réel. L’un des jury a récompensé un film mexicain, d’un jeune auteur réputé radical mais dont je n’ai jamais pu voir le travail : Juan Manuel Sepulveda. Le film porte un titre accrocheur : The Still Life Of Harley Prosper. J’ai juste peur qu’il s’y tienne et, qu’en guise de « still life », le cinéaste me fasse le coup éculé du chantage au plan fixe, cette virtuosité envers laquelle je n’ai plus la même clémence qu’avant – question d’âge peut-être.
La Chine n’est pour moi que confusion, elle est comme un rêve, un rêve étrange. Car, alors que j’y suis allé, elle garde la nature que mon imagination lui avait donnée avant de m’y rendre. Et même si j’y vivais, elle me semblerait tout aussi irréelle ; la plupart du temps je n’y pense pas et quand ça m’arrive, cela m’amuse.
Dans un poème de 1949, William Carlos Williams fait un éloge de l’argent qui surprend de la part d’un poète aussi peu complaisant envers la stupidité de l’homme. Fasciné par l’anarchie de la pauvreté et obsédé par la condition des pauvres, Williams les voit passer dans son cabinet de médecin, puis rouler dans le fossé que le capitalisme américain creuse entre les classes. Il tire de cette expérience quotidienne, ordinaire, un poème qu’il intitule, fait pour le moins intriguant : The Words the Words the Words (Les mots les mots les mots).
« Est-ce que ça te dérange si on te met d’autres animaux sur le bateau ? » À cette question, le convoyeur de chevaux, sorte de « steward équin » qu’est le narrateur de Traversée ne peut pas vraiment répondre non : c’est son souhait de s’embarquer sur un porte-containers à destination des Antilles pour y acheminer des chevaux, lui qui d’habitude les accompagne par les airs (en avion). Et donc : huit chevaux, quinze moutons et huit taureaux, pour treize jours de mer de Rouen à Fort-de-France. Commence alors un long voyage immobile, bercé par la houle douce de l’écriture de Francis Tabouret.
Attention : petit livre extraordinaire à bâbord, prière de stopper. Frédéric Jacques Temple, seuls les avertis le connaissent, ceux qui ne connaissent pas seulement la scène mais aussi les coulisses de la littérature et des arts du xxe siècle. Temple, né en 1921, est toujours de la tournée, il s’est intéressé à tout, poésie, musique, sculpture, roman, art de l’estampe, pneus de garage, culture de la carotte à pois, on en passe.
Eva Silber n’a pas disparu, elle a déserté : son travail, ses proches, ses amis, du moins les rares qui pouvaient se considérer comme tels. Emmanuelle Lambert ausculte cette désertion, en adoptant successivement les points de vue de Franck, Marie-Claude et Paul, respectivement supérieur hiérarchique, voisine de bureau, et amant éphémère d’Eva.
Le 13 mars 1943, alors qu’il est exilé aux États-Unis et qu’il vient d’achever, après dix années de travail, la tétralogie Joseph et ses frères, Thomas Mann met le point final à une nouvelle, La loi. C’est à ce texte méconnu, plutôt qu’au monumental Joseph, que s’intéresse Jean-Michel Rey dans ce bel essai de lecture.
Le réel est violent, le réel est une fiction. Ce pourrait-être le point de départ d’Un œil en moins, dernier livre, politique s’il en est, de Nathalie Quintane. Par un tour de passe-passe ce que l’on a sous les yeux est comme effacé : migrants traités comme des déchets, exactions policières, classes sociales broyées, répression des libertés les plus élémentaires. Face à ce constat, Nathalie Quintane entreprend un journal de luttes, depuis Nuit debout jusqu’à l’expulsion de la jungle de Calais.
Journal d’une addiction – ce pourrait être le sous-titre de ce récit, aussi singulier et inattendu que les mécanismes qu’il démonte sont universels. Tous les fumeurs (anciens, futurs-ex, compagnons de) se reconnaîtront dans ces pages. Mais il s’agit autant de l’analyse d’une addiction que d’une forme toute personnelle d’autobiographie : remonter aux sources de sa tabagie, intense et persistante comme une manie...
Singulière fortune que celle de l’oeuvre d’André Blanchard, longtemps dédaignée sinon ignorée – à l’exception d’un cercle relativement marginal et silencieux –, elle exigeait depuis des lustres la fréquentation assidue de librairies de livres anciens mais semble aujourd’hui susciter la curiosité de nouveaux adeptes ; notamment grâce à la publication inespérée de ce nouveau volet de ses fameux carnets.
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