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Reference:
La parution d’un volume Préhistoires d’Europe par Anne Lehoërff aux éditions Belin dans le cadre d’une vaste collection « Mondes anciens » dirigée par Joël Cornette est à l’origine de notre dossier NRF de janvier 2017, consacré à la question du langage dans la préhistoire. Une façon d’ouvrir l’année en prenant un peu de recul, selon l’expression consacrée. D’abord, il se trouve que l’expression même de « préhistoire » sert d’écran trompeur à une perception de ce que nous appelons « notre histoire » et qui n’est qu’une mince pellicule, sans rapport de proportion avec ce qui la précède. La frénésie identitaire actuelle pourrait y trouver du bon pour sa santé. Anne Lehoërff qui a réuni les textes qu’on va lire note sobrement que « l’histoire la plus longue de l’humanité n’a pas de mots ». Et comme si cela ne suffisait pas à ironiser ce gros Narcisse qu’est l’homme d’Occident, elle ajoute : « Durant des milliers d’années (environ 40 000 ans) l’homme n’a rien raconté par écrit, n’a laissé aucune phrase. » Pas de mots, mais beaucoup de gestes, des bisons, des abeilles, des chevaux, des squelettes aussi, ayant été des vraies personnes délicatement inhumées : la préhistoire n’a rien raconté au moyen des mots, mais elle a beaucoup dessiné, gravé, laissé des traces, conservé, s’est souciée socialement du monde dans lequel elle vivait. Nous sommes là en présence d’un récit silencieux d’autant plus fascinant qu’il coïncide avec un savoir faire esthétique qui n’a rien à envier à Rubens ou à Giacometti. On se souvient de Georges Bataille à Lascaux, contemplant comme un enfant la course effrénée des chevaux. De quelle nuit obscure ? On se gardera aussi d’oublier que le Malraux des Voix du silence fut aussi ce voyageur des formes où Lascaux tient sa place dans le Musée imaginaire. Ce dossier NRF ambitionne d’en donner la simple perception, jusqu’à faire douter du sens même du mot « préhistoire »....
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Date de disponibilité: 01/01/2017
La parution d’un volume Préhistoires d’Europe par Anne Lehoërff aux éditions Belin dans le cadre d’une vaste collection « Mondes anciens » dirigée par Joël Cornette est à l’origine de notre dossier NRF de janvier 2017, consacré à la question du langage dans la préhistoire. Une façon d’ouvrir l’année en prenant un peu de recul, selon l’expression consacrée.
Le white trash
White trash : le rebut blanc, la blanche ordure. L’expression naquit au Sud, elle désignait les laissés pour compte du système des plantations, les libres minables, la racaille dont l’unique supériorité sociale était de race. Elle a pu être une parole noire de morgue à l’encontre des petits oppresseurs vivant dans la misère.
Le mot a surgi parmi les 1069 que compte la première page du Monde des livres daté du vendredi 23 septembre 2016. Sous la plume de Florence Noiville, une phrase tirée d’un article consacré au dernier roman de Edna O’Brien, Les petites chaises rouges, disait exactement ceci : « Car loin d’une “exofiction” dans l’air du temps, l’écrivaine fait de cette histoire un roman véritable ».
– Si vous deviez donner un pourcentage de ce que l’on connaît de votre vie, quel serait votre chiffre ?
– Allez, hasardez-vous…
– Je ne sais pas, disons 30% ?
– 30%, c’est beaucoup, avait soufflé Mitterrand, au creux des années 60, à André Rousselet, son futur exécuteur testamentaire.
J’avais évalué la probabilité de mourir en traversant le boulevard du Montparnasse d’élevée à très élevée. Avec ses six voies alternées – les deux premières dans une direction, les troisième et quatrième dans des sens opposés, les deux dernières dans le sens inverse –, l’éventualité de me faire un jour renverser par une voiture ou un autobus (le 58, le 68 ou le monstrueux 91) me semblait à peu près inévitable.
Les ombres des danseurs glissaient sur les tranches des volumes reliés de cuir. Fresque complexe sur les rayonnages de la bibliothèque plongée dans la nuit. Kaléidoscope aux personnages mêlés, puis désunis tour à tour.
De l’immeuble d’en face parvenaient une rumeur de surprise party. Des percussions pétillantes, des cuivres enivrants, des voix onctueuses, que venait saupoudrer le tanin léger des rires jeunes.
Les lèvres peintes en rouge vif, dans ma robe blanche décolletée, je me suis dirigée vers l’endroit du rendez-vous, facile à repérer car un bus était garé le long du trottoir. J’ai vu s’approcher un à un les étudiants étrangers qui s’étaient inscrits à cette sortie en groupe et j’ai compris qu’ils étaient tous comme moi : des solitaires déprimés qui avaient mis leurs habits du dimanche dans l’espoir de rencontrer quelqu’un.
J’ai trouvé samedi dernier chez Delamain rue Saint-Honoré les Chroniques du Bel Canto d’Aragon dans l’édition originale. Bon passage sur Nerval, il cite un poème où il question de la poussière et « les rameaux noirs » que j’aime tant. Puis Reverdy. Un poète que j’ai eu du mal à lire. Mon père me l’avait conseillé quand j’étais très jeune. Il a une belle lettre de lui que j’avais mise en vitrine de La Hune il y a quelques années. L’écriture est énorme, la page complètement pleine.
Aristocrate de tradition, il n’ignore aucune des règles langagières, mais les subvertit toutes. Virtuose de l’ellipse et de l’archaïsme, il conjugue toutes les époques du français, imposant ses néologismes, défiant la syntaxe, en un duel singulier.
La beauté est une notion synthétique constituée de nombreux éléments, toujours divers et parfois antagonistes : elle exige donc une précision qualificative (« De quel type de beauté parlez-vous ? »), et se présente par là même comme une valeur relative, avec pour conséquence paradoxale que certains de ses constituants possibles, dont l’élégance, paraissent des critères en soi, ou absolus.
Quand ils entrent dans le théâtre vide, l’obscurité a une tonalité particulière. Épaisse et cendreuse, elle est de celles qui s’installent, perdurent et n’annoncent aucune levée de rideau. Sur les marbres polychromes du sol, des chaises de styles divers sont empilées sans génie particulier. À côté d’elles s’accumulent un vieux canapé en cuir, des caisses et palettes de bois, quelques feuilles enroulées sur elles-mêmes, des cartons éventrés, une latte, un trépied.
C'est un lieu discret.
Dimitris Angelis– Si quelqu’un parle aujourd’hui de la poésie française en Grèce, le nom qui vient à toutes les lèvres est : Yves Bonnefoy. Pouvez-vous nous parler un peu de votre point de départ poétique, les influences et vos lectures de cette époque? C’est-à-dire, pouvez-vous nous donner le portrait de l’artiste Yves Bonnefoy en jeune homme ?
Yves Bonnefoy – Qui étais-je, en mes commencements ? D’abord un grand ignorant.
L’histoire la plus longue de l’humanité n’a pas de mots. Durant des milliers d’années (environ 40 000 ans pour notre « nous » biologique et culturel, le plus immédiat en Europe), l’homme n’a rien raconté par écrit, n’a laissé aucune phrase. L’écriture est une invention très récente, presque de l’histoire immédiate, du point de vue des archéologues spécialistes des sociétés inscrites dans la longue durée.
Témoignage spectaculaire et fragile des pensées et des visions du monde des premiers hommes modernes, l’art préhistorique, sans cesse, nous étonne et nous interroge. Il nous bouscule, aussi, car les figures qui en sont constitutives oscillent interminablement entre réel et irréel, concret et abstrait, visible et invisible. Les images de la Préhistoire provoquent également une profonde frustration car elles dissimulent résolument leur intention.
Depuis la Renaissance, la relation entre histoire et archéologie se joue sur l’ambivalence entre l’apport respectif des sources écrites et des vestiges matériels dans la construction du savoir sur le passé. L’archéologie, contrainte d’abord à la simple illustration des textes antiques sauvegardés par la tradition littéraire, a rapidement gagné son autonomie en démontrant sa capacité à exhumer des témoignages écrits inédits...
Comment les études du paléoenvironnement nous racontent une histoire particulière et générale de notre environnement sur la très longue durée.
L’étude des environnements du passé fascine car elle détient la preuve de l’origine du vivant, donc celle de l’homme et, à ce titre, une partie de son histoire. Elle témoigne ainsi que le genre humain est une conséquence, parmi tant d’autres, de l’histoire de l’environnement sur la très longue durée.
Les squelettes parlent à ceux qui les observent mais il n’est pas facile de saisir ce qu’ils disent, à tel point qu’on les a longtemps crus muets. Très inégalement conservés, ces vestiges directs des hommes du passé ont souvent été négligés ; ils occupent désormais une place centrale dans le discours de l’archéologie funéraire qui, par la fouille des tombes, vise à retrouver des gestes, des choix de société ; ses méthodes s’apparentent à celles de la médecine légale car elles se fondent largement sur les processus de décomposition des corps.
Si vous avez des funérailles à organiser, évitez d’y inviter une personne souffrant du syndrome d’Asperger. Cette « atypie du développement appartenant au spectre de l’autisme » dont souffre le narrateur le rend tout à fait insensible, voire très agacé, par l’hagiographie fallacieuse dressée pour la mort de sa grand-mère Marguerite par une bonne dame de la paroisse n’ayant jamais connu la défunte.
On garde tous en tête certaines images troubles de nos livres de lecture, mi-leçons (« papi fume la pipe de papa »), mi-contes (l’âne va-t-il mourir d’une indigestion de spaghetti ?). On découvre la lecture à travers ces univers dépourvus de sens, tout offerts à la musique, dans lesquels les mots sont retournés sur eux-mêmes comme des gants. Des livres de poésie, en somme.
Une fois passée l’épreuve du prologue (qu’il n’est pas interdit de sauter), récit particulièrement insoutenable, bien qu’il trouve sa pleine justification dans ce qui va suivre, l’auteur déroule le fil d’un singulier périple, celui d’une très jeune femme à la beauté radieuse, chaussée de Uggs délabrés, vêtue d’un vieux jean, d’une polaire bariolée...
Attention, ce livre de François de Saint-Chéron qui porte sur l’œuvre entière d’André Malraux n’est pas tout à fait comme les autres. Approche non pas thématique au sens lourd, avec son éternel bagage pseudo-nietzschéen dès qu’il est question de l’auteur de La condition humaine, mais approche précise, subtile, de la place des poètes dans l’œuvre.
Dimanche
De bonne heure.
De Karl Ove Knausgaard, écrivain norvégien, auteur de Mon combat, livre au succès universel : « La seule chose qui ne vieillit pas dans un visage, ce sont les yeux. »
Et Saint-Simon a cette formule : « Je n’ai jamais connu M. de Cambrai que de visage ». C’était bien sûr de Fénelon qu’il parlait...
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