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Reference:
Du temps où Paris était la capitale du goût comme une évidence universelle, on ne se demandait pas, comme le fait ici si judicieusement Frédéric Schiffter, comment opère le principe de distinction dans la naissance des formes et des attitudes. Mais les siècles et les salons passent et le mélange de vulgarité et d’élégance où nous barbotons joyeusement oblige à redéfinir le clavier, les répertoires. C’est là un point commun entre la couture et la littérature, de travailler en quelque sorte aux mêmes ateliers. On ne s’étonnera donc pas que Simon Liberati et Eva Ionesco donnent dans la NRF la réplique à Schiffter, lecteur de Gracián pour qui l’élégance était une vertu cardinale, en ouvrant leur première chronique au titre mallarméen, La dernière mode. Les esprits chagrins ne manqueront pas d’opiner : est-ce bien le dernier mot de la littérature ? N’y a-t-il pas, au contraire, ainsi qu’en témoigne dans ce numéro le carnet de travail d’Annie Ernaux pour Mémoire de fille, un moment où l’acte d’écrire rompt tout à fait avec la hiérarchie des codes d’un simple « bien écrire » ? N’est-ce pas cela qui fonde l’acte littéraire ? Un acte de transgression plutôt qu’un principe d’application (autre nom du formatage bien connu) ? Mais Gracián relu par Schiffter, Westwood admiré par Liberati-Ionesco montrent bien au contraire que la grammaire des codes ne sert qu’à être détournée, recréée. C’est l’individu singulier du « je ne sais quoi » qui détient le dernier mot, comme le roman ne se clôt jamais si bien que comme une parfaite énigme. À quoi ça tient ?
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Date de disponibilité: 15/09/2016
Du temps où Paris était la capitale du goût comme une évidence universelle, on ne se demandait pas, comme le fait ici si judicieusement Frédéric Schiffter, comment opère le principe de distinction dans la naissance des formes et des attitudes. Mais les siècles et les salons passent et le mélange de vulgarité et d’élégance où nous barbotons joyeusement oblige à redéfinir le clavier, les répertoires.
Le 18 décembre 2008 j’ai noté dans mon journal : « Le plus nécessaire en ces jours serait de résumer ce qui a eu lieu en 58-59, une ou deux pages. » Le 22, j’ai écrit d’une seule traite, sans ratures, le texte qui suit. Treize feuillets portant simplement la mention Faits-rapport de faits. Sur le premier j’ai rajouté et souligné Ne pas détruire, avec la date.
La femme renversée, yeux clairs en ciel de lit, encore belle, solide, le teint toujours bruni par l’été et l’homme sur elle, dos large, la moustache qui irrite la peau, ensemble leurs souffles mêlés, gémissements. Faire l’amour, porte fermée certainement, on entend les jeux des enfants dans l’autre pièce avec sa table approchée maintenant contre la cuisinière : c’est encore l’été mais l’automne est précoce à Charleville, on se refroidit vite.
Amène, le responsable du rayon m’apporte un thé « Fleurs de Bali », puis retourne à ses affaires. Derrière mon présentoir où sont empilés quelques dizaines de romans identiques, je regarde l’homme s’éloigner. Une femme pressée s’approche de moi, me fixe des yeux derrière ses lunettes, comme une vignette « Vous êtes ici » sur un plan.
J’ai rencontré Balzac il y a peut-être quinze ans, à une quarantaine de kilomètres de Paris, dans l’unique café de Meulan-Paradis, à une époque où je m’y rendais pour une raison que je peux bien dire maintenant, tout ce temps après, tout sentiment de culpabilité évanoui, remplacé au contraire par de la curiosité, de l’amusement presque à me rappeler ma présence dans cette petite ville pavillonnaire où rien n’aurait dû me conduire, quelque part entre Mantes-la-Jolie et Conflans Sainte-Honorine, attiré là seulement par ce nom lu un jour d’humeur badine sur une carte du réseau ferré transilien, Le Paradis...
Lorsque j’ai proposé à la NRF de prendre du service en tant que reporter de mode avec Eva, j’ignorai que nous allions faire nos armes dans une des saisons les moins intéressantes du prêt-à-porter parisien. Le départ d’Hedi Slimane de chez Saint Laurent, l’absence de designer chez Lanvin, nobody chez Dior, les atermoiements concernant l’avenir des défilés, tout était réuni pour nous rendre la tâche ennuyeuse.
À l’occasion du quatre centième anniversaire de la mort de Shakespeare et de la parution des tomes II et III des Comédies dans la « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard publie l’Album Shakespeare rédigé par Denis Podalydès. Nous avons interrogé celui-ci sur sa relation à Shakespeare, les textes qu’il a récemment mis en scène et son propre travail d’écrivain.
C’est tombé comme ça. L’alerte n’a pas été donnée tout de suite. Au premier passage de l’embarcation des pompiers, nous n’avons rien vu, rien deviné. Chacun a pensé : ils font une sortie matinale de routine, ils font le réveil des eaux. Assis sur la berge, du regard et d’une seule bouffée de cigarette, on accompagnait la barque dans sa descente rassurante du Rhône.
Revoilà Gombrowicz
Les lettres inédites qu’on va lire de l’auteur de Ferdydurke font suite à une première série publiée au printemps 1993 dans la revue L’Infini. Écrites directement en espagnol, elles correspondent à un moment clé dans la vie de Gombrowicz : il s’agit de son retour en Europe en mai 1963, après vingt-cinq ans d’exil en Argentine.
Une nuit d’hiver déjà bien lointaine, me trouvant à Paris en pleine débauche existentielle, des phrases lues par hasard de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz me guidèrent sur un bon chemin.
La conférence de Witold Gombrowicz à Buenos Aires du 28 août 1947 est un bon point de départ pour discuter de ce qu’il convient d’appeler « l’espace du lecteur ». Cette conférence est aujourd’hui un texte célèbre, « Contre les poètes », qui figure dans son Journal.
Au printemps de 1952, Gombrowicz, en vacances à Salsipuedes, lut le journal de Gide. Ce fut une sorte de révélation, non qu’il fût le moins du monde intéressé par la plupart des choses qu’y racontait Gide, mais parce qu’il était tombé sur une forme particulière : une subjectivité s’y mettait en scène avec un naturel sans abandon, une personnalité s’affirmait, se confiait, sans pourtant jamais dans ces centaines de pages rien trahir de l’intimité des jours.
Août 1969. Une vague de chaleur anormale écrase Los Angeles et ses environs. Un gourou comme il en pullule à cette époque-là fanatise une bande de hippies, l’étrange « famille » de Charlie Manson, composée en grande partie de jeunes fugueuses en mal d’absolu.
Une femme se noie. Une phrase coule sur trois cent pages, enserrées entre un « Oh » et un « ouf », une seule phrase, en guise de dernier souffle, pour dire une vie tout entière.
Le narrateur du deuxième roman de Ben Lerner est un fébrile poète new-yorkais – à peine distinct de l’auteur lui-même – qui évolue dans un monde de galeries d’art, coopératives bio, protestations anticapitalistes, soirées littéraires et relations sentimentales compliquées.
D’où vient que ce livre sans falbala particulier vous saisit doucement à la manière d’un léger envoûtement ? Laure Murat sait bien de quoi elle parle, quand elle repense à sa descente d’avion, il y a dix ans, où elle venait enseigner la littérature française à l’université de Los Angeles.
Lorsque l’avocat berlinois Ferdinand von Schirach se mit à écrire, il y avait des chances que le sujet prééminent de ses livres relève de faits criminels.
« Premier roman » ? Cela mérite au moins des guillemets tant l’effet de vérité qui porte ce livre est puissant, direct. Il s’agit de la guerre, celle dont il est question dans ce livre pourrait être en n’importe quel endroit qui occupe chaque jour notre actualité.
Aujourd’hui je rouvre solennellement mon journal littéraire. Par la fenêtre, je vois les gros nuages blancs rouler dans l’azur. Pendant qu’il pleuvait cette nuit dans la cour, j’ai pris cette décision. On entendait une sirène d’ambulance au loin. Cette décision solennelle ne change rien à la marche du monde mais je suis drôlement content.
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