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Reference:
Qui veut la place de Philip Roth ?
(Éditorial)
La saison est aux départs, aux relais, aux héritages. Dans son pêle-mêle mystérieux toujours si cohérent, la Providence des belles lettres mélange l’adieu au roman de Philip Roth à la mort d’un Umberto Eco, celle d’un Michel Tournier à la disparition du discret Ludovic Janvier, l’auteur d’un Pour Beckett resté sans successeur, à qui Jacques Réda rend hommage. Même la chanson n’a pas été en reste, à l’annonce de la mort de Michel Delpech, un populaire comme l’était Béranger au temps de Chateaubriand et qui a réveillé toute la France, comme Diane Lisarelli nous raconte ici que le chanteur Lucio Battisti a bouleversé l’Italie pendant trente ans. Mais l’écrivain a des mobiles que la Providence ne connaît pas. Roth a quitté le roman, non pas pour des raisons hautement métaphysiques de silence sacré mais parce qu’il avait envie de retrouver ses potes. Rien là qui rappelle la porte close de Salinger, lequel n’avait pas attendu si longtemps pour dire « jamais plus ». Avec Roth, on passe simplement à autre chose, voilà tout. Et en plus, il n’est même pas mort. Les amateurs de sublime en sont pour leurs frais.
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Provocant, non. Mais, au fond, pas très sûr de soi, il pouvait affecter ce côté un peu trop « à l’aise », où les provoqués de nature croient déceler une provocation. Même le sourire en coin de celui qui sait qu’il joue, et qui en joue très bien, risquait d’entretenir l’équivoque. Une allure d’escrimeur, j’ai failli dire : de mousquetaire – une sorte de condensé des trois les plus connus et qui étaient quatre – mais encore non. Alors danseur peut-être, oui, autant par atavisme que souci d’élégance envers lui-même et l’imprévu des situations.
Oh oui, bien sûr, c’est une question qu’on lui a souvent posée.
Je dirais même qu’on n’a cessé de la lui poser, cette question, dès lors que la Cheffe est devenue célèbre, et comme si elle détenait un secret qu’elle allait bien, par faiblesse, par lassitude, par indifférence, finir par révéler, ou par insouciance, ou par un accès soudain de générosité qui la ferait s’intéresser à tous ceux que le métier tentait et aussi une forme de gloire, en tout cas un renom certain.
L’Amazone. Un capricant parfum la rattache à jamais au Latin mystique, à Liane de Pougy et à Renée Vivien mais elle est morte assez tard, en 1972, pour que j’aie pu la croiser dans le quartier, vieille relique, antiquité byzantine de l’époque rétro, quand Eva posait déjà et que je servais la messe. Cet oubli du temps me plaisait à un âge où le mot « décadent » résumait toutes mes espérances.
Depuis le large, il ne distingue rien. Pour amplifier la confusion devant lui, il retire ses lunettes mais sa mère aussitôt lui ordonne de les reposer sur son nez. Veut-il les perdre pendant les derniers instants de la traversée alors qu’elles ont résisté à cinquante jours de tangage et de désordre ? Tu ne vas quand même pas les perdre maintenant ! Et puis nous aurons bien autre chose à faire en arrivant que de nous occuper de tes lunettes ! Remets-les immédiatement ! Il obéit mais il continue à regarder au-dessus de sa monture. Carré fondu de ciel d’hiver et de mer. Ou carré de ciel d’hiver fondu avec la mer.
– Maître ? Vous ici ?
– Oreilles Rouges ? Toi là ?
– Non mais c'est incroyable !
– Qu’est-ce qui est incroyable ?
– Mais enfin, de vous retrouver ici !
– Et toi alors ? N’es-tu pas surpris de te retrouver là ?
– Ah mais moi c’est différent, je ne me retrouve pas ici, j’y suis. Je m’y trouve, tout simplement.
Parmi les femmes de ma vie, la plus puissante, la plus effrayante, la plus violente, la plus comique, la plus fleur bleue, la plus stalinienne, la plus contradictoire, la plus proustienne, celle que j’ai aimée, détestée, aimée encore, est la mère de ma mère. Ma sur-mère.
Dans les comédies de Molière, le rôle du tyran domestique est tenu, selon les mœurs de l’époque, par un homme : Jourdain, Harpagon ou Argan. Des barbons qui régentent la maisonnée, et tout particulièrement les femmes.
Je dors dans une voiture.
Au départ rien ne me destinait à habiter une Peugeot 206. Un tas de gens, paraît-il, m’imaginaient un avenir, des disques, une Audi. La vie m’a gâché. La 206 n’est pas à moi, pas davantage mon blouson, ni la place livraison que j’occupe face au 103 rue de Rivoli, où je n’ai rien à livrer, dont les occupants ne m’ont jamais vu. Si c’est vous, au 103, ne regrettez rien. Je ne suis pas celui que j’étais censé être.
Julie ou la Nouvelle Héloïse est un roman d’une rare complexité, dont l’effet immédiat fut de promouvoir un nouvel idéal féminin, tout de douceur et d’altruisme, destiné à dominer l’ère romantique. Au siècle précédent, les héroïnes étaient fières. Après Rousseau, elles seront douces. Pour saisir ce retournement, on s’interrogera sur la constitution imaginaire des protagonistes. Comment Rousseau les a-t-il façonnés ?
Julie représente le comble du désirable.
À l’exception des Poèmes bleus et d’Une vie ordinaire, tous les écrits de Georges Perros, l’auteur de Papiers collés, sont sous le signe du fragment, et de la totalité : chaque fragment venant du monde extérieur et de lui-même, il l’a décollé (« tout le monde écrit, à partir de quand le décollement ? » s’interroge-t-il) afin d’être de plain-pied avec la part humaine de l’homo sapiens sapiens (double sagesse ?!), à supposer que cette part puisse trouver « le meilleur terme de l’échange ». Ce faisant, Perros en a soupé de l’humain.
Pour les chansons comme pour les histoires d’amour, il en va d’une même règle étrange : certaines, bien qu’un peu ratées, ne cessent de vous hanter. Dans sa version studio, Ancora tu s’étend sur 4 minutes et 47 secondes. Toute une existence, en vérité. Car, comme son titre l’indique, cette chanson est celle d’un éternel retour. Celui de l’être aimé, si l’on en croit les paroles écrites par un certain Mogol. Celui, aussi, du morceau en lui-même. Inoubliable ritournelle et fragment d’une œuvre passionnante, tout à la fois légère et exigeante, populaire et hermétique : l’œuvre de Lucio Battisti.
Georges Bernanos ne figure pas parmi les écrivains dont la gloire serait inséparable de celle de la maison Gallimard, à la différence de Claudel ou de Gide, ni parmi ceux qui, comme Proust ou Céline, furent d’abord « ratés » puis « rattrapés » par les vigies de la Nouvelle Revue Française. Il n’appartient pas non plus à la liste des auteurs, tels Gracq, Green, Mauriac ou Simon, dont l’œuvre, parue chez d’autres éditeurs, ne rejoindrait Gallimard qu’au moment d’entrer dans la Pléiade.
1. Lettre de Georges Bernanos à Jean Paulhan
Clermont, 33 place de l’hôtel de ville (oise)
[1928]
Cher monsieur,
Une simple carte de visite exprimerait trop imparfaitement le bon souvenir et l’affectueuse gratitude que je garde à la n.r.f. qui, par vos soins, m’a reçu avec tant d’indulgence et de courtoisie.
Si l’on veut – et on veut absolument – rendre compte de l’époustouflante Histoire réversible de Lydia Davis, on se heurte dès la couverture à un obstacle. Comme pour chacun de ses précédents recueils, car recueil de quoi ?
« Je n’étais ni rebelle ni résolue » : c’est par cette belle ouverture que se présente Delphine, la narratrice du Monde sensible. Géographe rêvant de rivages lointains, elle peine pourtant à sortir de chez elle - sauf par temps de pluie, et pour retrouver ses amants.
L’obésité narcissique propre à Dame littérature française rend souvent difficile la vision de certains familiers, qui mériteraient plus de lumière. Qui mériteraient tout simplement qu’on parle d’eux...
À trois reprises Carlo Levi se rendit en Sicile, dans les années 1950, pour mieux connaître les villages et les hommes de ce Mezzogiorno qu’il avait découvert lors de son assignation à résidence à Aliano sous le régime fasciste.
Réunissant trois cycles poétiques déjà publiés et des inédits sous le titre programmatique de Motets, Philippe Blanchon investit par le vers une multiplicité de voix rentrant en écho, à l’image de la prose de romanciers modernes tels que Faulkner ou Joyce.
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