Votre panier est vide. Achats et téléchargements des revues, de leurs articles et de l'abonnement numérique disponibles pour la France, les DOM-TOM et Monaco.
Achats et téléchargements des revues, de leurs articles et de l'abonnement numérique disponibles pour la France, les DOM-TOM et Monaco.
Un Daumier serait-il possible aujourd’hui ? Un Daumier, c'est-à-dire un geste capable de dire toute la personne d’un seul coup de crayon. Le XIXe siècle politique, celui de Hugo et de Zola a porté l’art du « coup de crayon » à des sommets inatteignables. Mais la question demeure de savoir comment la chose serait-elle encore possible de nos jours. Et pourquoi ne le serait-elle pas ? Le fait est que le personnel actuel ne prête pas au génie pictural. Le président du Sénat, Gérard Larcher, avec sa bonhommie coutumière pourrait se prêter à l’exercice, mais justement, il s’y prête trop.
Jean Daniel a snobé son centenaire. L’enfant de Blida, en Algérie, qui se souvenait du braiement matinal de l’âne, comme celui du tableau de Bellini peignant l’extase de saint François, a opté pour les 99 ans. Elégant Jean Daniel, qui aimait séduire, ne parlant jamais fort, toujours dans un demi sourire d’homme du monde. Il est impossible de parler de lui sans parler d’Albert Camus, son modèle, son totem, son mur de renvoi de balle quoi qu’il ait pu en être des désaccords entre les deux hommes.
Le crâne d’un bonze glabre, l’allure d’un vieux chef scout avec son piolet (son père avait été médecin de campagne), il émanait de sa personne quelque chose de doux et mystérieux. Pierre Guyotat qui vient de mourir à l’âge de quatre-vingts ans, était une tour de silence. Il parlait parfois, toujours dans la simplicité, disant des choses à mi chemin de la littérature et du comptoir de bistrot. Rien que de normal, c’est sur la page que les choses importantes avaient lieu.
On le sait bien que le mot d’humanisme pend comme une vieille chaussette au milieu des vitrines de Noël de l’imposture philosophique. Les chaussettes de Steiner se remarquaient tout de suite à l’usage du talon qui racle, à force des heures passées en bibliothèque à peser le pour et le contre. Par exemple, « pour » Dostoïevski ou « pour » Tolstoï ? C’était la grande question durant ces années charnières, entre Lévi-Strauss et Soljenitsyne, quand on ne savait plus très bien qui était mort, Dieu, l’homme ?