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Raymond Aron avait eu cette réplique à l’un de ses étudiants qui le pressait d’interpeller un haut membre de l’establishment politique : « demandez vous ce que vous feriez à sa place. » Aron a eu d’autres phrases plus étincelantes que celle-ci, qui sert beaucoup en fin de banquet agité. Mais justement : par sa platitude, son bon sens, son absence de phrase étincelante, elle nous paraît indispensable dans l’actuel chaos montant.
À Conflans Sainte-Honorine, le président a dit : « ils ne passeront pas », selon cette formule qu’on répétait contre les « fachos » dans les rues de Mai 68, trente ans après la guerre d’Espagne. Il n’y a rien à redire à cette formule lyrique, notoirement impuissante, mais qu’est-ce qui est puissant en ce moment ? Quelles peuvent être les puissantes paroles ? On apprend qu’un lycéen de 14 ans a reçu de l’argent pour renseigner le tueur, lui-même un adolescent de 18 ans. Dix-huit ans, pour décapiter son prochain, cela fait court, même dans un roman de Dostoïevski...
Hier soir à la télévision, Emmanuel Macron avait un peu l’air d’un aumônier sermonnant sa troupe de louveteaux indisciplinés. Physiquement, l’actuel président a changé. Plus trace sur son visage, de cet angelot mirifique qui nous avait fait penser à une version post moderne de Bonaparte. On pense si le vrai Bonaparte eût écouté la plainte des comédiens privés de théâtre ! Le président Macron que nous avons vu hier soir avait tout de l’homme qui déguste.
C’était le temps où les compartiments de grandes lignes offraient au voyageur un avant-goût photographique de la France, la France des villages qui se donnait à voir par la fenêtre, une succession d’images composées comme autant de médaillons merveilleux. La SNCF de ce temps-là prenait le relais des anciens pèlerinages, sur les mêmes antiques trajets. On ne sait pas assez que la N20 est l’autre nom de Compostelle, une veine profonde, constitutive de l’esprit français des chevaliers du temps de Perceval, du roi Arthur et de Lancelot.
À lire, en ce moment, surtout quand on a vécu le débat Trump-Biden à Cleveland ? Vies des poètes anglais, par Samuel Johnson, aux éditions du Sandre (2015). Quand on pense que des générations entières du monde anglo-saxon ont été formées, malaxées, par cette prose si incroyablement soucieuse de dire les choses avec précision et douceur… Joe Biden et Donald Trump ont dû en recevoir quelque chose, malgré tout...