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Sigila[1], la belle revue transdisciplinaire franco-portugaise sur le secret, consacre son dernier numéro printemps-été 2019 au thème de l’anonyme, en portugais : o anonimo. On y trouve un ensemble de contributions toutes fort intéressantes et « donnant envie ». Dans le numéro, Marcel Cohen se souvient qu’il a été un ami fidèle et proche du poète Edmond Jabès qui prévoyait de donner son corps à la médecine. Jabès renonça à cette disposition après la profanation des tombes juives du cimetière de Carpentras. Il préférait la cendre de l’incinération à la violence de la profanation.
Il n’est jamais très bon pour la santé de rester quinze jours sans parler un peu de Marcel Proust. Le plus mal portant de nous tous finit quand même par être le pourvoyeur d’énergie number one. C’est un point commun aux géants de l’art et de la littérature de se déplacer dans le monde comme des vieux oiseaux au bord de la dislocation mais qui ne se disloquent jamais. Avec Proust, c’est constamment. On se dit qu’il ne va pas tenir et puis il tient. Voyez-le en pleine nuit, se faisant conduire au Ritz pour y déguster un sorbet, à quelques semaines de sa mort...
Paris est la dernière ville d’écrivains ne pensant qu’à ça. Écrire, découvrir, rencontrer, prolonger le rendez-vous, le conserver dans un petit carnet à cet effet, garder des lambeaux de phrases comme on met de côté de vieux branchages en prévision de l’hiver. Christian Giudicelli nous en apporte une preuve supplémentaire par le plus délicat des détours qu’offrent à sa plume les multiples visages rencontrés au long de son existence en cours d’étape. Paris veut dire ici, pour ce fils de petits fonctionnaires nîmois, une métaphore de la joie de vivre.
Quelle scène surréaliste que cette tribune présidentielle, sur le rivage d’Omaha Beach, pour l’anniversaire du débarquement ! Il reste encore plus de trois cent vétérans, à pouvoir parler en direct de cette date sans pareille du 6 juin 44. La mer est toujours là, elle fait le même ressac dans sa splendide indifférence. C’était il y a un instant, cela sera de même dans mille ans. L’Histoire s’écrit dans cette rumeur de vanité stratosphérique qui n’empêche nullement de s’intéresser aux détails de l’opération.