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Curieusement, l’annonce de la mort de Jean-Pierre Richard a fait de lui un « critique littéraire », ce qu’il n’était absolument pas. Au sens le plus précis possible de ce terme, Richard était un essayiste, c’est-à-dire quelqu’un qui cherchait à extraire d’une forme donnée la matière d’une interprétation tout à la fois esthétique et philosophique. Là où le simple critique exprime son goût ou son dégoût, valorise ses emballements sans trop s’attarder, l’essayiste qu’était Richard s’enfonçait plus loin dans la forêt du sens.
Chantal Aubry consacre un livre d’une exceptionnelle qualité à l’éditeur Jean-Jacques Pauvert. Né en 1926, mort en 2014, Pauvert laisse un nom, le sien propre, qui vaut quasiment comme une métaphore. Liberté est le mot simple qui convient à la marque, comme on le dirait d’une cicatrice. Griffe exposerait au malentendu. Alors que cicatrice signifie qu’il y a eu combat, résistance, obstination à faire qui nous plaît d’abord. Pauvert disait, à propos de Sade sur qui on l’interrogeait: « Un écrivain, c’est quelqu’un qui écrit des phrases extraordinaires. »
Perrin et la BnF publient un fort volume constitué de documents inédits ayant tous trait à la captivité de Napoléon sur l’île de Sainte-Hélène jusqu’à sa mort le 5 mai 1821. Documents extraits pour la plupart des archives d’Hudson Lowe, gouverneur de l’île, au service de sa Majesté britannique. Hudson Lowe est l’une des grandes figures du Méchant pour les siècles. Il a été odieux avec l’empereur, tatillon, persécuteur de la broutille. Personne ne l’aime, les Anglais l’insultèrent à son retour à Londres.
Dans son bureau de Genève, où il recevait les visiteurs, Jean Starobinski (« Staro » pour tout le monde), qui vient de mourir à l’âge de 98 ans ne semblait pas éprouvé par le poids des ans ni des travaux. À la voix douce et précise, il avait cette façon si particulière d’engager la conversation en ayant l’air de donner la parole à son interlocuteur. C’était une manière d’assumer son identité intellectuelle d’humaniste, le dernier de ce calibre. Mais là non plus, Jean Starobinski n’en rajoutait pas.