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Il n’y a plus de philosophie en France et jamais le signifiant « philosophie » n’aura été autant à l’honneur. Médiatiquement célébré, thérapeutiquement prescrit, consciencieusement vidé de sa substance. Onfray est le nom qui convient à cette déroute, comme si l’hercule de la foire du Trône venait nous annoncer la bonne nouvelle de sa Parole. Non pas penser mais soulever des poids, arracher des carottes du jardin. Il est très difficile de contrer Onfray, en raison même du malentendu qu’on vient de dire : on croit attaquer une pensée, on arrive dans du beurre, dans quelque chose de très bovidé.
Inutile d’aller chercher toute la filmographie d’Ettore Scola qui vient de mourir, un film suffit pour comprendre : Une journée particulière, peut-être un des dix plus beaux films jamais tournés. Tout le monde connaît l’histoire de la rencontre de cette jeune femme (Sophia Loren) et d’un homme (Mastroianni) un jour de défilé en l’honneur du Duce. Elle est très belle, n’est pas de la « haute », lui est un homosexuel délicat et solitaire ; ils ne devraient pas être dans ce petit appartement de rien, l’un en face de l’autre, ils devraient être chacun dans sa galaxie personnelle. Et pourtant...
On ne peut qu’admirer le doigté avec lequel la Providence organise les disparitions récentes, toutes emblématiques du rayon musical : Michel Delpech, puis Pierre Boulez, puis aujourd’hui David Bowie. Du grand art, vraiment. Ne nous amusons surtout pas à deviner la suite du menu, on ne joue pas avec ces choses-là. Évitons aussi, dans mesure du possible : la puissance planétaire de la musique, comparée à tout le reste. Dans le cas de Bowie, l’événement a concerné jusqu’aux Martiens qui écoutent beaucoup ses disques, dans le silence des constellations.
Personne ne pourra se plaindre, pour une fois, de ce que les hasards du destin mélangent à quelques jours près la mort de Michel Delpech, chanteur populaire et celle de Pierre Boulez, géant de la musique moderne, dite « contemporaine ». Puissance émotive de la chanson qui traverse les générations et vient coiffer au poteau les nobles hiérarchies. Delpech n’était pas Trenet, mais il n’empêche, ses refrains ont cristallisé des moments, des périodes de société. L’écouter, c’est ressentir cette puissance d’emprise.