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Relire Bernanos, par exemple, qui eût trouvé les mots pour qualifier l’inqualifiable. Et comment éviter la redite, à peine une semaine après Nice ? Mais il ne faut pas s’y tromper, ce qui s’est passé hier à Saint Etienne-du-Rouvray n’est pas l’illustration supplémentaire d’une guerre de religion entre deux sœurs rivales. Le christianisme, en France et partout en Europe, a été l’école du libre arbitre, de l’émancipation individuelle. Pour reprendre la formule fameuse de Marcel Gauchet, il a été, et est encore, « la religion de la sortie de la religion ». Si le christianisme suscite désormais une telle haine, c’est pour cette même raison, qu’il incarne, aussi paradoxal que cela semble, le principe même de l’homme libre, moderne. Les bigots nihilistes de Daech ne s’y trompent pas.
Que l’Europe, toute à sa peur d’être elle-même, ne craignant rien tant que d’être obligée d’assumer son propre héritage veuille l’ignorer, c’est son problème intime. Puisse la mort affreuse du père Hamel ouvrir les yeux sur les enjeux de cette guerre folle. Contrairement à ce que l’on répète si niaisement, le christianisme n’est pas une confiture de douceur sulpicienne, bonne juste à tendre l’autre joue. Sortir du cycle de la vengeance, comme René Girard l’expliqua naguère, n’attire pas que des amis. Ainsi le meurtre du père Hamel est-il un acte de guerre adressé à tous les amis de la liberté de l’esprit. L’histoire de l’Europe est l’histoire de cette amitié là : nous en sommes.
Michel Crépu