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Jeudi soir, du fond d’une chambre d’hôtel, la nuit couvre entière les coins d’ombre du parc. Corneilles criardes, rouges-gorges, hiboux sédentaires. James Joyce est venu finir d’écrire Ulysse dans ce jardin miraculeux. Une plaque le signale. C’est Larbaud qui était le propriétaire. Il vente un peu, le feuillage remue comme une légère vague liquide, on se croirait juchés à bord d’un galion égaré dans la grande Atlantique. Mais non, il s’agit seulement de cette villa où Joyce a joué un peu de piano les soirs d’automne.
Que l’on veuille bien se souvenir, il y a huit jours, à la veille du match contre la Suisse. Le ton de mépris, l’arrogance des commentateurs à la Jacques Vendroux. S’il vous plaît, disait-on alors, parlons des choses sérieuses et oublions ces petits misérables de joueurs suisses dont on se demande encore ce qu’ils ont dû faire pour en arriver là.
Voilà un merveilleux livre* pour entrer dans l’été. Un livre sur Stendhal, après des centaines d’autres, il faut croire que le sujet n’était pas épuisé. Emmanuel de Waresquiel, cueilli à l’heure de la sieste par l’auteur de La Chartreuse. Il écrit : « Il y a du plaisir à reprendre ses vieux livres. On renoue avec des amis d’enfance. » On voit mal comment rivaliser avec une si délicate attention à l’égard des souvenirs. Qui n’en sont d’ailleurs pas, tant la plume de l’auteur se garde de toute pesanteur. Il rouvre son vieux cahier et les oiseaux s’envolent.
Quel calme tout à coup ! Quel silence, au moment où le joueur affûte son service, au bout de quatre heures de combat sur la terre battue de Roland-Garros ! C’était dimanche dernier, la finale du tournoi de tennis. Nous l’avions oublié, nous nous demandions même ce que nous faisions là, masqués, tirbouchonnés, prêts à commettre n’importe quelle facétie pourvu qu’une main bienveillante se tienne prête à nous évacuer en lieu sûr.
Jean Giono a préfacé naguère une édition complète de la correspondance de Nicolas Machiavel*. À l’époque, et tout indique que rien n’a changé depuis, prononcer le nom de Machiavel, c’était courir le risque fatal d’avouer une noirceur non détachable au produit de droguiste. Giono écrit : « Le voir », et il parle de Machiavel, « et crier à la garde, c’est tout un ». D’ailleurs, c’est bien simple, comme disait un auguste, « le machiavélisme est révoltant ».