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Au courrier de cette semaine, l’honorable professeur Paul Cantonneau, de l’université de Fribourg, nous écrit : « Vous avez signalé dans votre dernier courrier que l’écrivain Maurice Genevoix était un phare des Éditions de la Table Ronde. Or Genevoix n’a jamais été un tel phare, surtout pour une maison qui fut surtout celle des dits “ hussards ”, Blondin, Nimier, Laurent, etc. Il est vrai toutefois, ajoute l’honorable professeur, que la collection de poche Petite vermillon de la Table Ronde a publié récemment deux titres de l’écrivain, Rroû (histoire de son chat) et La mort de près, texte exceptionnel où il évoque certains épisodes de la Grande Guerre dont il faillit ne pas revenir ». La NRF s’honore des attentions prodiguées par le professeur Cantonneau, dont les travaux, en matière de numismatique étrusque, font l’admiration de tous.
La célérité des postes et télécommunications a fait venir jusqu’à nous une lettre de Jean-Pierre Dandrelin, ulcéré : « J’ai fait l’objet, dans votre chronique de la semaine dernière (permettez-moi de ne pas user de l’Ignoble mot de “blog” qui sent le cochon grillé) de moquerie en sous-main à l’égard de mon roman alors même que vous n’en citiez pas le titre. Je vous le rappelle donc, pour le cas où vos envies de moquerie reprendraient du service. Il s’agit de : Et je t’ai vu dans l’escalier, qui en est à son troisième tirage. Les dames du Fémina, dont on sait l’exigence inaltérable l’ont porté jusqu’aux extrêmes limites du possible. On en reparlera quand vous-même, obscur plumitif, vous aurez été englouti dans le néant ». Sic.
Répondons donc sobrement à Jean-Pierre Dandrelin que si nous n’avons pas cité son titre, d’ailleurs émouvant, c’était parce que nous étions convaincus que tout le monde le connaissait. Ce qui n’est pas une raison suffisante, nous le reconnaissons bien volontiers. Question de principe (surtout quand on pense que les journalistes, à la télé, ne citent presque jamais le nom de l’éditeur). D’où l’ire légitime de Jean-Pierre Dandrelin, publié aux Éditions du Fromage Mou mais sans titre. Cette saison littéraire a quelque chose de tendu. Elle est tellement ouverte aux vents d’automne que les candidats craignent de perdre leur chapeau. On les voit traverser en oblique les allées du Luxembourg. Où vont-ils ? Personne ne sait. On manque d’un bon mot qui excite l’apathie ambiante. L’énigmatique Raymond Queneau avait coutume de dire à ses correspondants impatients : « Écrivez ! Nous ferons le reste ». Et Paulhan lâchait, à un auteur sur le gril, attendant une réponse sur son manuscrit depuis six mois au moins : « L’on l’a lu, l’on l’a aimé. »
Michel Crépu
P. S. : N’oubliez pas, surtout, de vous plonger dans l’extraordinaire album de photos d’Afrique noire des premières années du xxe siècle, Mémoire noire de Jacques Lamalle, qui vient de paraître aux Éditions des Arènes. Pour nous qui nous languissions d’une excellente rentrée sans événement particulier, l’arrivée d’un tel ouvrage a quelque chose de prodigieux et, osons le dire, d’aérolithique. L’on l’a vu, l’on l’a aimé.