Boris Johnson, Clown of the year

| Publié le : 19/12/2019


On aurait grand tort de compter la “déconnade” au nombre de ses défauts. Si Boris Johnson a finalement décroché la timbale ce n’est pas malgré son goût pour la potacherie de collège mais grâce à elle. Il est arrivé au pouvoir comme dans un collège anglais, en braillant et en redemandant de la bière au comptoir des Communes. Nous n’avions d’ailleurs pas oublié quel fut son numéro comme maire de Londres. Rien que de normal pour un Anglais.

Voyez donc en contraste le sinistre Corbyn, on se dépêche d’écrire son nom avant qu’il ne disparaisse des mémoires. Comment a-t-on pu en arriver à un tel désastre ? Peu importe de le savoir. Johnson, à coté, n’aura eu de cesse de laisser parler sa bonne humeur, n’ayant pas peur de dire « les choses », les fameuses choses qui sont dépositaires des secrets de la vie sociale. C’est le côté Trump de Johnson, l’humour en plus. Le président américain n’a aucun humour, il n’est que vulgaire. Voyez-le railler la petitesse physique de Michael Bloomberg, le maire de New York qui ose s’attaquer au monstre. Il n’y a pas d’esprit dans la cervelle de Donald, il y en a dans celle de Boris. Cela est aussi une question d’élégance : Trump n’en a aucune, il n’a que des cravates rouges et interminables. Boris n’a aucune élégance non plus, mais il est débraillé, on voit qu’il a toujours oublié de fermer un bouton quand il prend la parole. Cela constitue, d’une certaine manière, un signe d’élégance : pas de narcissisme, de clin d’œil au public. Il parle au micro comme en sortant du lit. C’est bien. Il est sauvé par son débraillé, cela veut dire aussi que c’est le contenu qui compte à ses yeux, plus que le reste.

Et puis il y a cette question de l’humour et des relations de l’humour avec le travail. C’est très important, car c’est la bonne humeur qui donne de bonnes idées, non l’inverse. Il faudra s’inquiéter quand nous verrons Boris arriver la mine sombre, énervé, faisant le sérieux. Au contraire, il faudra se réjouir quand nous le verrons faire l’idiot, c’est alors qu’il faudra prendre des notes. Tout cela va prendre du temps. Il se passera encore beaucoup de choses avant que Boris Johnson ne décide de repeindre Westminster en rose psychédélique. Il a déclaré vouloir construire au moins trente hôpitaux supplémentaires. C’est une bonne résolution.

Au fond, on pourrait dire que Johnson a l’identité heureuse. C’est, de ce point de vue, un anti-Finkielkraut, toujours à sonner le tocsin. Boris Johnson, ne donne pas le sentiment du soir qui tombe. Il ne sait pas trop de quoi sera fait demain, mais c’est justement cela qui est excitant. De là une nécessaire potacherie pour relancer la machine. L’Angleterre va redevenir un collège anglais, il n’est pas interdit de s’en réjouir.

Michel Crépu

 
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