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Date de disponibilité: 01/11/2018
La parution, au printemps dernier, du Lambeau de Philippe Lançon a eu sur « le paysage littéraire » l’effet d’une de ces apparitions qui signalent aux observateurs l’émergence d’on ne sait quel ilot mystérieux non encore répertorié. Trois ans et demi après la tragédie « Charlie », le texte inédit qu’on va lire dans cette dernière livraison de la NRF figure une suite singulière au Lambeau, ou plutôt un complément à la façon d’un post-scriptum ayant pris en cours de route les proportions d’un récit en soi.
– Pourquoi tu n’as pas raconté le 14 juin ?
C’est Marilyn qui parle. Les premiers exemplaires de mon livre, Le lambeau, devaient partir à peu près tous en même temps, mais, bien qu’habitant un village de l’est de la France, près de Belfort, mon ex-femme a été la première à recevoir le sien, bien avant ma mère, mon frère, ma tante, mes cousins, ma chirurgienne, mes amis, et j’en passe. Un livre est une affaire de famille, donc de places et de préséances, quand ce qu’il raconte est aussi la manière dont cette famille a surmonté la peur et le chagrin en s’unissant comme elle le pouvait autour d’un homme blessé – moi – dans un attentat – celui de Charlie Hebdo.
L’avocat erre dans les sous-sols de l’aéroport d’Orly, à la recherche du bon terminal. De sa vie il n’a pris un charter, il vaque, un peu amusé, dans le couloir, avec ses deux valises, « Mais vous n’aviez droit qu’à un bagage », oui bien sûr, incompréhension, pas de bagage en soute. Stupeur. Résolution du problème par paiement du supplément, puis l’avion et la peau sèche, ses crèmes pour y remédier. Elles coûtent le double du prix du billet. Mais après tout, nous allons chez le cardinal, ou plutôt chez son compagnon, dans une villa de la campagne romaine.
Oui, sur le principe, bien sûr que ça m’emmerde d’être l’héroïne d’une histoire qui dit, petite ne t’amuse pas à explorer le monde, ne t’aventure pas hors du chemin. C’est pas avec des messages de cet acabit qu’on va susciter des vocations de navigatrices ou de tireuses d’élite. Mais honnêtement, moi-même je préfère prendre le carrosse payant lorsque je rentre seule le soir, surtout si je suis habillée sexy, d’ailleurs ça coûte une blinde quand on y pense, ils devraient le mettre sur les étiquettes dans les magasins, attention cette affriolante robe de bal vous coûtera tant en citrouille de transport avec chauffeur chaque fois que vous la porterez, ce serait utile pour mieux gérer son budget.
Au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré s’élève un palais de cocotte, à peine rédimé par le cérémonial gendarmesque, dont les occupants, sauf peut-être le général de Gaulle, auront disparu de la mémoire des hommes quand Babar y promènera toujours sa lourde silhouette familière. Ce serait à ce roi que pensent les Français lorsqu’ils élisent un président pour leur République, et lorsque peu de temps après ils s’en lassent. Tel est le sujet, qui n’est incongru qu’en apparence, des développements que vous allez lire.
Il attend que la porte d’embarquement soit vide avant de se lever. Il veut être le dernier à entrer. Il prend ses écouteurs, sélectionne « Highway to Hell », d’AC/DC et se perd dans ses pensées.
Il reprend conscience à l’appel des deux noms pour le vol à destination de San José, qui sont attendus d’urgence à la porte d’embarquement. Il tressaille à l’entente de l’autre nom, celui de la femme. Il se lève, présente ses documents de voyage, s’engouffre dans le couloir de verre.
À côté de lui, dans l’avion, le siège de la fenêtre est vide. Le vol jusqu’à San José, au Costa Rica, va durer onze heures quarante.
Zhang Lu – Peut-on évoquer vos débuts aux Éditions Gallimard ? C’est Georges Lambrichs qui a publié votre premier roman, Le procès-verbal.
J.M.G. Le Clézio – Eh bien, cette longue histoire d’amour a commencé dès 1963 avec la publication de mon roman Le procès-verbal. À cette époque je vivais à Nice, et je n’avais pas vraiment de raison de « monter » à Paris et d’entrer dans aucun cercle littéraire. J’ai toutefois répondu à l’invitation de Georges Lambrichs qui m’ouvrait si généreusement les portes de sa collection « Le Chemin », et j’ai fait un premier voyage à Paris pour la remise du Prix Renaudot.
Le 24 mai 2018 chez Sotheby’s, la lettre suivante, qui provenait de la succession de Mme Mante-Proust, a été proposée à la vente :
Mon petit Félix de Vandenesse chez Lady Dudley
Je pense bien à vous et je ne sais pas pourquoi je choisis pour vous écrire un moment si absurde (pas loin de 3 heures du matin) où je n’ai pas le temps de le faire.
Que nous puissions tenir en main l’ensemble de l’œuvre poétique de Mandelstam, de La pierre (1913) jusqu’aux Cahiers de Voronej (1936), en passant par Tristia (publié à Berlin en 1922 pour cause de censure), et surtout l’énorme masse des Poèmes non rassemblés en recueil ou non publiés, où gisent des trésors d’une splendeur inégalée, avec la prose du Bruit du temps (1925) jusqu’à De la poésie (1928), est une chance inouïe.
Ramené par le hasard d’une bibliothèque amie à l’engouement qu’avait provoqué ma découverte de ces tumulus broussailleux que sont Notre-Dame-des-Fleurs et Miracle de la rose, errant de nouveau dans le labyrinthe des échappées de Jean Genet, laissant divaguer mes propres rêveries dans l’enclos limité par les hauts murs de cette langue trouée de meurtrières, cheminant au gré des images levées par le buissonnement de ces récits, je me suis soudain convaincu de la convergence, dont je me fais ici le vase collecteur, entre les voix de deux personnages qui m’ont un temps possédé, celle d’une carmélite normande et celle du saint comédien martyr.
À l’époque où est prononcée cette conférence, Ralph Waldo Emerson (1803-1880) est dans toute sa gloire de philosophe. Un sage à l’américaine, de la Nouvelle-Angleterre. Fils de pasteur, l’ayant été lui-même avant de renoncer à rester dans les ordres. Ami de Thoreau, l’auteur fameux de Walden ou La vie dans les bois, Emerson est le grand maître du transcendantalisme, forme séculière d’une pensée spirituelle où l’accès au Beau est aussi une initiation à la poésie, à la littérature. Dans la conférence qui suit, Emerson évoque l’admiration pour les grandes figures de l’art et de l’histoire : c’est une célébration à la fois noble et humble de la grandeur humaine.
Michel Crépu – La projection de votre film Les enfants du 209 rue Saint-Maur a quasiment coïncidé avec la mort de Claude Lanzmann. Quelle place tenait-il dans votre travail de cinéaste ? Une place dynamique ou encombrante ?
Ruth Zylberman – J’ai vu pour la première fois Shoah à sa sortie, aux Trois Luxembourg, je crois. J’étais très jeune alors, environ quatorze ans. L’histoire de la destruction des Juifs d’Europe n’était évidemment pas une abstraction pour moi.
À quelle station prendre ce train qui a l’air de rouler vers le sud en roulant vers le nord ? Franck Venaille ne nous a pas facilité la tâche, laissant derrière lui un sillage « poétique » résolument intraduisible dans le langage courant des anthologies thématiques. Il était né en 1936, deux ans de Guerre d’Algérie à son actif (ce sera le titre d’un de ses livres, La guerre d’Algérie), mais qu’il n’abordera qu’en 1978, chez Minuit. Alors même déjà l’auteur de plusieurs recueils caractéristiques d’une période (années 50-60) où la notion d’avant-garde est encore dans toute sa force d’expression politique « révolutionnaire »...
Le point de départ de l’écriture d’Arcadie serait cette phrase, de Colette : « Tout ce qu’on dit d’une forêt est vrai ou bien le devient. » C’est aussi ce qu’on peut dire de la vie, c’est ce que fait le roman et celui-ci tout particulièrement, avec son dynamisme romanesque et sa plasticité qui emmènent le lecteur d’une utopie bucolique, sensuelle et foutraque à un monde qui est tout autre chose.
Michael Imperioli aime à brouiller la frontière entre réel et fiction : connu pour son rôle dans Les Sopranos, celui du neveu de Tony Soprano, Chris Moltisanti, mafieux qui se découvre des talents de scénariste, il avait de fait écrit plusieurs épisodes de la célèbre série. Plus récemment, dans un épisode de Girls, il incarne un écrivain, ancien professeur d’écriture de l’héroïne (et créatrice de la série), Lena Dunham.
Les deux volumes sont là devant vous, comme deux obus de 75, sagement revêtus de la crinière blanche Gallimard. Deux fois huit cent pages et l’on murmure que ce n’est qu’un début. Bernard Baillaud, professeur d’université, président de la Société des lecteurs de Jean Paulhan, est le bénédictin veillant jour et nuit à l’établissement d’un corpus dont on peut douter qu’il finisse jamais un jour.
Attention phénomène ! Moins d’un mois après parution, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris est tombé en rupture. Le livre est-il à la hauteur de cet engouement ? Spoiler : la réponse est oui. Dans le Chicago populaire des années 60, Karen, enfant hors norme, cherche la compagnie des monstres et se représente sous les traits d’un loup-garou. Car « être un monstre c’est bien plus facile qu’être une fille ».
Quand, sur une fratrie de six enfants, cinq sont surdoués, enchaînant les sauts de classe et les thèses avec une facilité quelque peu agaçante, on se dit que celui qui a un QI normal, et qui de surcroît tient la place de cadet, n’a vraiment pas de chance. Voici donc Isidore Mazal, onze ans au début du roman, qui prend en charge la narration et apaise ses angoisses en brossant la tache qui trône sur le canapé du salon.
Que s’est-il vraiment passé à l’automne et l’hiver derniers ? L’« affaire Weinstein » : épiphénomène monté en épingle par les médias, et plus encore les réseaux sociaux, ou événement historique ? C’est à cette question que tâche brillamment de répondre ce court essai de Laure Murat, magistral dans l’analyse et la synthèse qu’il opère des différentes problématiques soulevées par « la libération de la parole des femmes ». Mission délicate mais que le statut d’agent double de l’auteure, qui vit depuis une dizaine d’années à Los Angeles, rend encore plus pertinente.
40 000 feuillets sténographiés, soit 100 kilogrammes de notes littéralement illisibles (le maître employait la méthode Gabelsberger afin que sa main ne ralentisse pas sa pensée) : voilà ce que découvre Herman-Leo Van Breda, père franciscain doctorant en phénoménologie, chez la veuve Husserl à la fin de l’été 1938. Attiré par un mythe, des notes manuscrites sans lesquelles l’œuvre publiée resterait insaisissable, quelques inédits que l’Université de Louvain pourrait publier, le jeune homme se trouve face à une mission tout à fait concrète : sauver corps et biens (veuve et bibliothèque, 2 700 volumes) ce qu’il reste d’Husserl.
C’est à cette perspective que s’attache Bruce Bégout : ancrer le saint phénoménologue dans la triviale réalité. Avec le personnage de Lehmann, gestapiste aux trousses du jeune père belge, il a l’occasion de décrire pogrom, culte de la force, propreté hygiéniste, vulgarité, lâcheté, bêtise. Il représente le temps de l’attente dans lequel on voit se dissoudre le héros, sa détermination, son bon sens. Van Breda peint par Bégout est comme absent à lui-même
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